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Publié par Société Française d'Ethnoscénologie (SOFETH)

MISES EN SCÈNES ET EN RÉCITS : ANTHROPOLOGIE DE LA PERFORMANCE ET PERFORMANCE DE L'ANTHROPOLOGIE

 

Thierry Bonnot et Bernard Müller 

 

« De l’archive au roman et de la description ethnographique à la performance (III) : 

dimension historique »

(Le processus d’adaptation du roman Esclaves de Kangni Alem (JC Lattès, 2009) comme terrain ethnographique)

Par Bernard Müller

 

Mardi 13 janvier 2015 de 10 h à 12 h 

(salle 3)

 

Sous-sol du musée du quai Branly (Paris)

Un séminaire de l’IRIS (EHESS)

 

 

Cette séance abordera dans cette 3ième séance qui lui est consacrée, un projet de recherche en cours qui associe une enquête ethnographique à une production théâtrale.  Il s’agit de rendre compte d'une dynamique de formation sociale qui se produit aujourd’hui dans les sociétés côtières du golfe de Guinée (Nigeria, Bénin, Togo et Ghana) ainsi qu’au Brésil, secondairement. Dans cet espace « atlantique », on s’intéressera plus précisément aux milieux se revendiquant comme descendants des esclaves affranchis revenus du Brésil, libres, et réinstallés au cours du 19ième du Brésil dans les régions qu’ils savaient pour la plupart être celles de leurs ancêtres. Alors, afin de saisir les enjeux de ce mouvement culturel en train de se faire, il nous a semblé opportun de faire du processus de la création d’une pièce de théâtre le fil conducteur de la construction de notre objet. Pour tenter de saisir ce travail subtil et titubant d’invention culturelle, on tentera par le moyen d’une production théâtrale, de recréer une situation qui permette de mettre à jour les ressorts et les enjeux de cette « renaissance ». Il s’agit de provoquer une situation d’échange, par le biais d’un dispositif théâtral. Plutôt que de considérer que le chercheur doive agir en se faisant l’observateur le plus discret possible d’une réalité qu’il ne doit pas affecter, il s’agit ici au contraire de produire une situation sociale interactive et intersubjective, qui constituerait le véritable objet de l'étude. 

On partira d’un roman historique (« Esclaves » de l’écrivain Togolais Kangni Alem) dont le personnage central, un « maître des rituels » qui officie à la cour du roi d’Abomey est trahi puis déporté au Brésil avant de revenir à Agoué, non loin d’Ouidah où il embarqua. L’itinéraire du personnage central est emblématique du parcours des « Brésiliens : le périple de cet Ulysse atlantique offre la trame d’une narration au cours de laquelle la position sociale des protagonistes – et dramatiquement celle du personnage central – se modifie sans cesse, pour passer d’une position d’autorité, à celle de subalterne, puis à nouveau à une position de domination relative, à un moment où les structures politiques de cette région du golfe de Guinée vont s’effondrer pour laisser place à l’ordre colonial (1860-1910). La position actuelle de la communauté afro-brésilienne sur l’échiquier social – à la fois d’ici et d’ailleurs, indigène et étrangère, dominante et dominée, esclave et négrière - est aussi au cœur de la pièce de théâtre. Cette identité trouble qui constitue le ressort dramatique central est aussi le levier qui permet la distanciation (ainsi que la dimension universelle de la problématique).

On décrira plus spécifiquement les étapes de la rédaction par le chercheur-dramaturge, dans le cadre d’un travail d’équipe, du « texte de représentation » (Brecht) de la future pièce de théâtre. Au cours de ce processus, entamé en 2009, on essaiera de montrer que la Fabel brechtienne contient aussi la problématique sociale qui traverse la dynamique du mouvement culturel étudié.

 

 

**

 

Le séminaire : 

Il s’agit dans ce séminaire de poursuivre la formulation d’une anthropologie du spectacle tout en réfléchissant à la manière dont cette discipline construit son objet. 

Cette année, partant de la critique du paradigme « visualiste » qui caractérise le projet scientifique moderne, on tentera de formuler les prémices d’une anthropologie « collaborative », de manière à intégrer de manière constructive le caractère collectif, inter-relationel et historiquement situé de l’expérience du chercheur sur le terrain, une expérience dialogique dans laquelle est engagé le chercheur autant que les autres participants du processus de recherche. 

 

Pour autant, il ne s’agit pas de sortir du champ scientifique mais de suggérer la spécificité de la connaissance anthropologique. Le statut de cette connaissance, loin d’être stable, résulte d’une renégociation permanente, remettant sans cesse en jeu son efficacité heuristique, au cas par cas. 

 

Notre champ d’étude se veut large et éclectique : l’analyse de formes aussi diverses qu’une performance de Jeremy Deller rejouant les grèves des mineurs britanniques de 1984-1985, une installation-performance de Daniel Spoerri - « Le Déjeuner sous l’herbe » (1983), le martyre de Sainte-Reine en Bourgogne, un spectacle de concert-party togolais ou ghanéen ou diverses formes mettant en spectacle des objets et des récits mémoriaux ou patrimoniaux, nous permettra d’aborder dans ce cycle 2013-2014 les notions de reconstitution, de représentation, de mimesis ou de reenactment.

 

On explorera notamment la notion de « performance » pour rendre compte non seulement des ressorts de l’action artistique ou des rapports sociaux que le spectacle met en forme, mais aussi du dispositif dynamique que l’enquête produit sur un terrain de recherche devenant ainsi « théâtre » scientifique. On s’intéressera ainsi de  très près aux étapes de la construction de nos objets d’étude.

 

Ce faisant, on réfléchira aux conditions d’émergence d’une approche interdisciplinaire, sans cesser de réfléchir à la nature et au statut du savoir anthropologique parmi les sciences, notre démarche se situant dans la zone de chevauchement de plusieurs disciplines (anthropologie, esthétique, études théâtrales, ethnoscénologie…).

 

Au cours de l’année, les séances dédiées au spectacle alterneront avec des interventions sur et autour le dernier ouvrage de Thierry Bonnot, L’attachement aux choses, CNRS éditions, 2014.

 

En outre, une journée d’étude sera consacrée au printemps 2015 à la question des butins des guerres coloniales (dans le cadre du projet www.brokenmemory.net ), un thème récurrent de ce séminaire.

 

Mots-clés : AnthropologieCultureEnquêtesHistoireThéâtre,

Aires culturelles : AfriqueContemporain (anthropologie du, monde)EuropeFrance,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

 

http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2014/ue/898

 

Mardi de 10 h à 12 h (salle 3), Musée du quai Branly 75007 Paris. 

9 décembre 2014, 13 et 27 janvier, 10 et 24 février, 10 et 24 mars, 14 et 28 avril, 12 et 26 mai, 9 et 23 juin 2015

 

MISES EN SCÈNES ET EN RÉCITS : ANTHROPOLOGIE DE LA PERFORMANCE ET PERFORMANCE DE L'ANTHROPOLOGIE

Thierry Bonnot et Bernard Müller 

 

« De l’archive au roman et de la description ethnographique à la performance (III) : 

dimension historique »

(Le processus d’adaptation du roman Esclaves de Kangni Alem (JC Lattès, 2009) comme terrain ethnographique)

Par Bernard Müller

 

Mardi 13 janvier 2015 de 10 h à 12 h 

(salle 3)

 

Sous-sol du musée du quai Branly (Paris)

Un séminaire de l’IRIS (EHESS)

 

 

Cette séance abordera dans cette 3ième séance qui lui est consacrée, un projet de recherche en cours qui associe une enquête ethnographique à une production théâtrale.  Il s’agit de rendre compte d'une dynamique de formation sociale qui se produit aujourd’hui dans les sociétés côtières du golfe de Guinée (Nigeria, Bénin, Togo et Ghana) ainsi qu’au Brésil, secondairement. Dans cet espace « atlantique », on s’intéressera plus précisément aux milieux se revendiquant comme descendants des esclaves affranchis revenus du Brésil, libres, et réinstallés au cours du 19ième du Brésil dans les régions qu’ils savaient pour la plupart être celles de leurs ancêtres. Alors, afin de saisir les enjeux de ce mouvement culturel en train de se faire, il nous a semblé opportun de faire du processus de la création d’une pièce de théâtre le fil conducteur de la construction de notre objet. Pour tenter de saisir ce travail subtil et titubant d’invention culturelle, on tentera par le moyen d’une production théâtrale, de recréer une situation qui permette de mettre à jour les ressorts et les enjeux de cette « renaissance ». Il s’agit de provoquer une situation d’échange, par le biais d’un dispositif théâtral. Plutôt que de considérer que le chercheur doive agir en se faisant l’observateur le plus discret possible d’une réalité qu’il ne doit pas affecter, il s’agit ici au contraire de produire une situation sociale interactive et intersubjective, qui constituerait le véritable objet de l'étude. 

On partira d’un roman historique (« Esclaves » de l’écrivain Togolais Kangni Alem) dont le personnage central, un « maître des rituels » qui officie à la cour du roi d’Abomey est trahi puis déporté au Brésil avant de revenir à Agoué, non loin d’Ouidah où il embarqua. L’itinéraire du personnage central est emblématique du parcours des « Brésiliens : le périple de cet Ulysse atlantique offre la trame d’une narration au cours de laquelle la position sociale des protagonistes – et dramatiquement celle du personnage central – se modifie sans cesse, pour passer d’une position d’autorité, à celle de subalterne, puis à nouveau à une position de domination relative, à un moment où les structures politiques de cette région du golfe de Guinée vont s’effondrer pour laisser place à l’ordre colonial (1860-1910). La position actuelle de la communauté afro-brésilienne sur l’échiquier social – à la fois d’ici et d’ailleurs, indigène et étrangère, dominante et dominée, esclave et négrière - est aussi au cœur de la pièce de théâtre. Cette identité trouble qui constitue le ressort dramatique central est aussi le levier qui permet la distanciation (ainsi que la dimension universelle de la problématique).

On décrira plus spécifiquement les étapes de la rédaction par le chercheur-dramaturge, dans le cadre d’un travail d’équipe, du « texte de représentation » (Brecht) de la future pièce de théâtre. Au cours de ce processus, entamé en 2009, on essaiera de montrer que la Fabel brechtienne contient aussi la problématique sociale qui traverse la dynamique du mouvement culturel étudié.

 

 

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Le séminaire : 

Il s’agit dans ce séminaire de poursuivre la formulation d’une anthropologie du spectacle tout en réfléchissant à la manière dont cette discipline construit son objet. 

Cette année, partant de la critique du paradigme « visualiste » qui caractérise le projet scientifique moderne, on tentera de formuler les prémices d’une anthropologie « collaborative », de manière à intégrer de manière constructive le caractère collectif, inter-relationel et historiquement situé de l’expérience du chercheur sur le terrain, une expérience dialogique dans laquelle est engagé le chercheur autant que les autres participants du processus de recherche. 

 

Pour autant, il ne s’agit pas de sortir du champ scientifique mais de suggérer la spécificité de la connaissance anthropologique. Le statut de cette connaissance, loin d’être stable, résulte d’une renégociation permanente, remettant sans cesse en jeu son efficacité heuristique, au cas par cas. 

 

Notre champ d’étude se veut large et éclectique : l’analyse de formes aussi diverses qu’une performance de Jeremy Deller rejouant les grèves des mineurs britanniques de 1984-1985, une installation-performance de Daniel Spoerri - « Le Déjeuner sous l’herbe » (1983), le martyre de Sainte-Reine en Bourgogne, un spectacle de concert-party togolais ou ghanéen ou diverses formes mettant en spectacle des objets et des récits mémoriaux ou patrimoniaux, nous permettra d’aborder dans ce cycle 2013-2014 les notions de reconstitution, de représentation, de mimesis ou de reenactment.

 

On explorera notamment la notion de « performance » pour rendre compte non seulement des ressorts de l’action artistique ou des rapports sociaux que le spectacle met en forme, mais aussi du dispositif dynamique que l’enquête produit sur un terrain de recherche devenant ainsi « théâtre » scientifique. On s’intéressera ainsi de  très près aux étapes de la construction de nos objets d’étude.

 

Ce faisant, on réfléchira aux conditions d’émergence d’une approche interdisciplinaire, sans cesser de réfléchir à la nature et au statut du savoir anthropologique parmi les sciences, notre démarche se situant dans la zone de chevauchement de plusieurs disciplines (anthropologie, esthétique, études théâtrales, ethnoscénologie…).

 

Au cours de l’année, les séances dédiées au spectacle alterneront avec des interventions sur et autour le dernier ouvrage de Thierry Bonnot, L’attachement aux choses, CNRS éditions, 2014.

 

En outre, une journée d’étude sera consacrée au printemps 2015 à la question des butins des guerres coloniales (dans le cadre du projet www.brokenmemory.net ), un thème récurrent de ce séminaire.

 

Mots-clés : AnthropologieCultureEnquêtesHistoireThéâtre,

Aires culturelles : AfriqueContemporain (anthropologie du, monde)EuropeFrance,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

 

http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2014/ue/898

 

Mardi de 10 h à 12 h (salle 3), Musée du quai Branly 75007 Paris. 

9 décembre 2014, 13 et 27 janvier, 10 et 24 février, 10 et 24 mars, 14 et 28 avril, 12 et 26 mai, 9 et 23 juin 2015

 

 

 

 

 
 
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