Le rituel, la transe et la danse
"Dans une société explosée où l'individualisme règne, la concurrence des ego sévit et la solitude
bat des records, ces rituels contemporains jamais racoleurs retrouvent la voie du groupe, de l'être-ensemble, en recollant momentanément les morceaux d'une identité sociale défaite. Si l'on peut
évoquer une forme de spiritualité sans dieu au travail dans ces spectacles, il y a aussi un retour au corps, à la chair. Au regard de la sophistication d'un monde dévoré par la froideur et la
technologie, exacerbé par la vitesse de répartie d'Internet et la virtualité galopante, le rituel répond par un retour à l'archaïsme, à un élan viscéral, à des pulsions de vie… « Il y a une vraie nécessité à revenir au réel, à la présence directe, au souffle, insiste Damien Jalet. Et quelque chose
de profondément jubilatoire à voir un groupe de gens évoluer collectivement dans une forme de dépassement des limites. »
Car ce corps renoue, ici, avec la transe, ce débordement de l'être happé pas loin de la jouissance ou de l'extase. « Après la rétention de ce que l'on a appelé la non-danse, il est évident que les chorégraphes recherchent des états extrêmes », glisse (link)"