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Publié par SOFETH

L’anthropologue, directeur de recherche honoraire au CNRS, est mort le 1er février à Paris. Un service religieux a été célébré à 15 heures le 9 février au temple de l’Eglise réformée des Batignolles précédant l’inhumation au cimetière de Montmartre. Né à Paris le 26 octobre 1931, Licencié ès lettres, Université de Paris (1955), diplômé d’études supérieures  de philosophie, Université de Paris (1956), entré au Laboratoire d’anthropologie sociale de Claude Lévi-Strauss en 1960, Docteur de 3e cycle, Université de Paris (1967), Docteur ès lettres et sciences humaines, Université Paris V-René Descartes (1980).

Ses recherches conduites en Haute-Volta - devenue le Burkina Faso -, concernent principalement l’organisation sociale et politique d’une société africaine  à pouvoir centralisé, dont le pays est le Moogo, les habitants les Moose (sing. Moaga).

 

Les travaux de Michel IZARD sont d’un grand intérêt pour la recherche en ethnoscénologie. Étudiants et chercheurs connaissent tous l’ouvrage de référence qu’il avait conçu avec Pierre BONTE : Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie . Paris, Presses universitaires de France, XII + 756 pages.1ère éd. 1991 ; coll. Quadrige, 2000, édition augmentée, 850 pages. Co-auteur de l’article « culture » du dictionnaire, Michel Izard apporte un regard critique sur une notion source de malentendus et de naïvetés dans les discussions relatives à ce que serait le « théâtre interculturel », sinon « transculturel » :

 

« Aucune culture n’est isolée et la dynamique culturelle procède non pas de développements endogènes mais d’une permanente interaction entre les cultures. Cependant, toute culture, autant que par le désir d’ouverture vers les autres cultures, est sollicitée par la tentation de fermeture sur elle-même : aucune culture ne peut affirmer sa particularité sans souhaiter marquer sa différence, pensée comme irréductible, par rapport aux cultures avec lesquelles elle est en relation. Tout se passe comme si les cultures s’appliquaient ensemble à se distinguer les unes des autres ; de ce point de vue, l’humanisme universaliste, quelle que soit la noblesse de son inspiration, n’est qu’un discours idéologique occidental à usage interne, comme l’a été l’évolutionnisme. »

 

Au moment où quelques politiques par inculture, ou tactique, réintroduisent dans leurs discours le poncif d’une hiérarchie des civilisations coiffées par celle dont ils se réclament, il n’est pas inutile de poursuivre la citation. Rappel qui invite également les usagers des notions-leurres de « proto-théâtre », de « pré-théâtre » et de « théâtre primitif », à abandonner les chimères du normatif pour s’en tenir au descriptif :

 

« Par la volonté de décentrement radical qui l’anime aujourd’hui, l’anthropologie entend créditer toutes les cultures, passées ou présentes, « primitives » ou économiquement « avancées », de la même dignité, précisément en se reconnaissant « incapable de porter un jugement d’ordre intellectuel ou moral sur les valeurs respectives de tel ou tel système de croyances ou telle ou telle forme d’organisation sociale, les critères de moralité étant pour elle, par hypothèse, toujours fonction de la société particulière où ils ont été énoncés » (Lévi-Strauss, 1983). Dans le dépassement de sa réflexion sur la culture en général et la dissipation de ses illusions sur l’objectivité des découpages culturels, l’anthropologie tire ainsi d’un débat aussi vieux que la discipline elle-même l’un des principes majeurs de ce que l’on pourrait à bon droit appeler sa « politique ». (p. 192)

 

9782130584261-1

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