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Publié par Pierre Philippe-Meden

Danser l'eau. Pratiques et imaginaires du geste en milieux aquatiques
Danser l'eau. Pratiques et imaginaires du geste en milieux aquatiques
Danser l'eau. Pratiques et imaginaires du geste en milieux aquatiques
Danser l'eau. Pratiques et imaginaires du geste en milieux aquatiques
Danser l'eau. Pratiques et imaginaires du geste en milieux aquatiques
 

L’association des Chercheurs en Danse, l’équipe de recherche Passages Arts & Littératures (XX-XXI) de l’Université Lyon 2 et la plateforme internationale numérique Numéridanse basée à la Maison de la danse de Lyon, proposent un temps d’immersion sensible et dansé à l’écoute de l’eau.

Comment écoutons-nous, observons-nous, éprouvons-nous intimement l’élément liquide dans notre quotidien, dans notre façon d’habiter un lieu, une ville ? Par le biais de conférences et de projections de vidéodanses consacrées à la relation entre la danse et l'eau, cette journée invite à s'immerger dans cette expérience sensible et chorégraphique de l'élément liquide.

Depuis le 19e siècle, les sociétés s’industrialisant se sont tournées vers une exploitation essentiellement énergétique de l’H2O. Pour mieux irriguer nos champs et nous nourrir, nous avons transformé les paysages, asséché les marais, modifié le cours des fleuves, fragilisant ainsi l’équilibre de nombreux écosystèmes. Face à l’augmentation des disparités d’accès à l’eau entre les pays et populations, celle-ci est aujourd’hui au cœur de stratégies géopolitiques et économiques. En regard des crises que nous traversons, l’un des enjeux du 21e siècle ne serait-il pas d’interroger les politiques du sensible que nous entretenons à l’égard de l’eau dans notre quotidien, dans notre façon d’habiter un lieu, une ville ? Comment écoutons-nous, observons et éprouvons intimement l’élément liquide ?

En résonnance avec la première édition du festival « Entre Rhône et Saône » qui se tient à Lyon du 1er au 3 juillet et se propose d’interroger le rapport écologique, économique, social de la ville de Lyon avec les deux fleuves qui la traversent, cette journée d’étude porte sur la relation de la danse à l’eau. Le corps humain étant lui-même constitué essentiellement d'eau, comment peut-on expérimenter une perception intéroceptive et extéroceptive du liquide ? 

De quelles façons, les corps « ressuscitent [-ils] (…) à un niveau supérieur, la loi des mouvements liquides[1] ? »

Dans les ballets du 16e au 19e siècle, l’eau était principalement présente par les génies qui la peuplent :  ondines, naïades, nymphes (Le palais de Flore de Pierre Beauchamp en 1689, Ondine ou La Naïade de Jules Perrot en 1843). A partir de l’époque dite des modernités en danse, au début du 20e siècle, les rapports qu’entretiennent les danseurs et danseuses avec l’élément liquide se diversifient. Isadora Duncan parle de l’eau, et plus précisément de la mer, comme la source de son art et de sa vie. Au début du 20esiècle, la mer sert ainsi de modèle rythmique (Isadora Duncan), harmonique (Loie Fuller) ou communautaire (Albrecht Knust). L’eau devient un thème et un élément à explorer en mouvement (Water Study de Doris Humphrey), mais également un espace de mise en scène (Footlight Parade de Busby Berkeley) et de jeu (Singin’ in the Rain de Stanley Donen et Gene Kelly). A partir des années 1960, la danse contemporaine pose la question des « états de corps liquides » et expérimente la palette du fluide, de l’informel. « Comment le corps se déforme-t-il par son état liquide » s’interroge Odile Duboc[2] durant la création de Rien ne laisse présager de l’état de l’eau (2005), mettant à l’épreuve le corps du danseur en situation d’absence de gravité, explorant un autre rapport à la dynamique des flux. Dès lors, certains chorégraphes invitent l’eau sur le plateau : on pense par exemple au travail mené par Pina Baush qui, entre autres dans Vollmond (2006), joue sur les chevelures lâchées et ondulantes au contact de l’eau. D’autres convoquent le milieu aquatique comme lieu de création et de représentation (Daniel Larrieu pour Waterproof, 1986). De nos jours enfin, la danse sur site expérimente des relations non-hiérarchiques et écocentrées avec l’environnement, dont les milieux aquatiques.

Cette journée se décline en deux sessions : la première est plutôt axée sur les pratiques somatiques et les territoires, la seconde sur des démarches artistiques et chorégraphiques. La relation du geste à l’eau y est envisagée à la fois par des artistes danseurs et des chercheurs issus de différents champs disciplinaires.

 

 

 

[1] Theodor Schwenk, Le chaos sensible. Créations de formes par les mouvements de l’air et de l’eau, Triades, Paris, 2005, p. 26.

[2] Odile Duboc, Françoise Michel, Rien ne laisse présager de l’état de l’eau, Note d’intention, 2005. Consulté en ligne le 20.01.20221.http://odileduboc.com/spectacle/Rien-ne-laisse-presager-de-l-etat-de-l-eau-2005-


 

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