La fête. Appel à contribution de la revue Études tsiganes
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Qui sont les Roms, les Manouches, les Sinti, les Gitans, les Voyageurs ? Pourquoi les désigne-t-on comme Tsiganes ou Gens du Voyage ? Sont-ils tous nomades ? Que signifie la sédentarisation pour eux
Qu’ils soient musiciens, circassiens ou artistes de scène, les Tsiganes et Voyageurs demeurent des acteurs incontournables de la fêtes, des spectacles et des arts forains. On les sollicite pour animer, par la musique et la danse, mariages, ferias ou fêtes villageoises (Bonini Baraldi F., 2013, Stoichita V., 2008, Pascualino C, 1998). Illusionnistes, prestidigitateurs, montreurs d’animaux, créateurs d’entresorts et d’attractions en tout genre, forains et circassiens ont développé une multitude de manières d’éveiller les sens d’un public désireux de s’extraire de la vie ordinaire (Rosenhaft E. et Sierra M., 2022). Ces temps de fête ritualisés, prenant place dans l’espace public, et proposant des expériences à sensations fortes où le « renversement » devient la norme, nécessitent néanmoins une organisation scrupuleuse qui est la condition même de la possibilité de la fête. Leur mobilité participe aussi de cette capacité non seulement à produire l’événement, mais aussi à apparaître et exister par le prisme de la performance. La vivacité que l’on attribue aux Tsiganes tend à une essentialisation de la capacité à ressentir et exprimer leurs émotions. On discerne donc des processus visant à racialiser les prestations artistiques des Tsiganes et voyageurs mais qu’ils peuvent aussi retourner à leur avantage en jouant avec ces représentations qui les poursuivent. La fête ne peut se cantonner à un espace-temps événement et de mise en scène. De la liesse collective émanent des corps-à-corps, des mises à l’épreuve ou des jeux de confrontation auxquels les Tsiganes participent également. Ce sont aussi certains rituels carnavalesques ou mascarades qui mettent à l’effigie dans leurs cortèges ou dans leurs jeux des figures tsiganes qui deviennent alors des emblèmes d’appartenance locale, que cela soit pour les moquer ou les honorer (Lougarot N., 2021). En dépit des processus d’essentialisation, l’imaginaire de la fête tsigane reste en effet très opérant dans les industries culturelles qu’il s’agisse du cinéma, de la musique ou de la danse. Ce numéro propose d’étudier le rapport que les populations tsiganes et voyageuses entretiennent avec la fête sous ses multiples facettes. Plusieurs axes sont proposés aux contributeurs.