Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pages

Archives

Publié par Pierre Philippe-Meden

Colloque international

 

Histoires Connectées de la Danse. IV’

 

Circulation des artistes, des techniques et des écritures chorégraphiques entre l’Inde, lEurope et les Amériques :

la création et la pédagogie humaniste de Jean Cébron (1927-2019)

 

Auditorium de la Maison des Sciences de l’Homme-Paris Nord

 

20 Av. George Sand, 93210 St. Denis

(L’auditorium est accessible aux personnes à mobilité réduite)

1er étage

(Métro Ligne 12, arrêt : ‘Front Populaire’)

Vendredi 17 Novembre 2023, de 10h00 à 18h30

 

 

Organisation Tiziana LEUCCI (CNRS, CESAH, LAP, Paris-Aubervilliers, Conservatoire ‘Gabriel Fauré’ Les Lilas Est-Ensemble, Accademia Nazionale di Danza, Rome), Marie FOURCADE (EHESS, CESAH, Paris-Aubervilliers) et Pierre PHILIPPE-MEDEN (RiRRa21, Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Jean Cébron, chorégraphe et interprète de la pièce Model for a mobile (1957). Photo : Serge Lido, Folkwang Tanzarchiv, Essen.

Jean Cébron, chorégraphe et interprète de la pièce Model for a mobile (1957). Photo : Serge Lido, Folkwang Tanzarchiv, Essen.

« Il [Jean Cébron] était tellement précis ; ce n’était donc pas évident d’expérimenter des choses avec toutes les barrières qu’il nous mettait. La personne qui m’a le plus appris ! » Pina Bausch, cité dans : Walter Vogel, Pina, L’Arche, Paris 2014, p. 27. 

Le présent colloque, deuxième volet d’un précédent évènement scientifique autour de Jean Cébron qui a eu lieu en 2017[1], a pour but d’analyser la circulation d’artistes, de techniques et d'écritures chorégraphiques, ainsi que les interactions culturelles entre l’Europe, l’Asie, les États-Unis et l’Amérique latine, à travers le parcours exemplaire du chorégraphe et pédagogue français, Jean Cébron (1927-2019), en se focalisant cette fois-ci sur sa propre méthode pédagogique. Il s’inscrit dans le cadre des projets de la MSH-Paris Nord : « La Nature en mouvement : les pionniers (Monte Verità, Demenÿ-Hebert, Jean Cébron, Marius Petipa) » et « Histoires connectées de la danse » ; de l’axe de recherche transversal du CESAH « Circulation des savoirs et savoir-faire » ; de l’atelier de recherche thématique du CESAH « Approches anthropologique et historique du sensible » et du séminaire de l’EHESS-Paris « Anthropologie historique des arts nomades ».

Formé initialement à la danse classique en France avec sa mère Mauricette Cébron (1897-1992), soliste et professeure à l’Opéra de Paris, et à la danse javanaise avec Djemil Anik (1888-1980), Jean Cébron se spécialisa ensuite en danse moderne de tradition expressionniste allemande avec Sigurd Leeder (1902-1981) et Kurt Jooss (1901-1979) en Angleterre et en Allemagne. Il ajouta très vite l’apprentissage de la danse indienne Bharatanāṭyam auprès de Ram Gopal (1912-2003) à Londres. Par la suite, il se rendit notamment en Amérique latine et aux États-Unis, où il travailla avec Ted Shawn (1891-1972), l’un des pionniers de la danse moderne américaine, mais aussi connaisseur des danses asiatiques. T. Shawn et sa femme et partenaire artistique, Ruth St. Denis (1879-1968), avaient élaboré leur propre langage chorégraphique en s’inspirant, entre autres, des gestes de main employés dans la danse indienne. Ted Shawn était aussi un diffuseur enthousiaste des travaux de François Delsarte (1811-1871), professeur de chant lyrique au Conservatoire de musique de Paris, qui basait l’expressivité du jeu d’acteur-chanteur sur la gestuelle du corps. Jean Cébron hérita ainsi de divers éléments qu’il sut intégrer dans sa méthode. À New York, il étudia aussi auprès de Margaret Craske (1892-1990) et Alfredo Corvino (1916-2015), avec qui il perfectionna la méthode du maître de ballet italien Enrico Cecchetti (1850-1928). Ce dernier attachait une attention méticuleuse aux mouvements des bras et des mains (appelés ‘épaulements’ et ‘port des bras’ dans la terminologie du ballet), qu’il considérait comme particulièrement éloquents, en harmonie avec l’intensité du regard et l’expressivité du visage. Ainsi, par l’apprentissage de ces diverses traditions chorégraphiques passées au crible de sa propre sensibilité, Jean Cébron élabora une méthode pédagogique personnelle alliant rigueur technique et lyrisme, bien visible dans ses chorégraphies marquées par une gestualité poétique hautement expressive. Après un passage au Chili, Jean Cébron enseigna quelques années en Italie à l’Académie Nationale de Danse de Rome, avant de succéder à son maître Kurt Jooss comme professeur à la Folkwangs Tanzstudio à Essen, en Allemagne. Cette école était alors un vivier de danseurs et chorégraphes désormais célèbres, tels que Pina Bausch (1940-2009), avec laquelle Jean Cébron cosigna plusieurs compositions, mais aussi Susanne Linke (1944-) et de nombreux autres artistes.

Le colloque rassemblera des historiens et anthropologues de la danse et du spectacle vivant (T. Leucci, I. López Arnaiz, P. Philippe-Meden, J.-M. Pradier), ainsi que des élèves directs de Jean Cébron (S. Borde, V. Heinen, T. Leucci, O. Scardi), à leur tour danseurs, chorégraphes et enseignants, qui présenteront des démonstrations pratiques de sa méthode pédagogique avec leurs propres étudiantes (F. Mommo, T. Rousseleau). Les interventions seront complétées avec l’aide précieuse d’entretiens et de documents visuels inédits, ainsi que de rares extraits de films d’époque. 

Le colloque abordera donc, entre autres, la question de la transmission des techniques, de l’écriture, de la mémoire et de la notation de la danse, de la circulation et des interactions des artistes entre plusieurs continents, de l’élaboration dialogique de leurs savoirs chorégraphiques et méthodes pédagogiques, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. À travers l’analyse micro-historique (selon la formule de Giovanni Levi et Carlo Ginzburg) du parcours artistique de Jean Cébron, nous essaierons ainsi de reconstituer une partie des histoires connectées — selon la définition de Sanjay Subrahmanyam & Serge Gruzinski — de la danse, qui demeurent encore mal connues, du fait des histoires nationales, voire nationalistes, et éclaircir les enjeux de ces rencontres et dialogues fructueux entre artistes d’origines et de traditions variées.

 

[1] Voir en ligne le programme du colloque Histoires connectées de la danse : le cas de Jean Cébron, chorégraphe, pédagogue et passeur artistique entre l’Europe, l’Asie et les Amériques (T. Leucci & P. Philippe-Meden, dir.) publié le 29 mai 2017 sur Calenda : https://calenda.org/406206, ainsi que sur le site du CEIAS : http://ceias.ehess.fr/index.php?4231.

 

  • 10h00 Présentation par Francie Crebs, pour la direction du Centre d’Études Sud-Asiatiques et Himalayennes(CESAH, CNRS-EHESS, Paris-Aubervilliers)
  • 10h15 Introduction par les organisateurs : Marie Fourcade (EHESS, CESAH, Paris-Aubervilliers), Tiziana Leucci (CNRS, CESAH, LAP, Paris-Aubervilliers, Conservatoire ‘G. Fauré’ Les Lilas Est-Ensemble, Accademia Nazionale di Danza, Rome, Italie), et Pierre Philippe-Meden (RiRRa21, Université Paul-Valéry Montpellier 3)

 

Panel 1. Modérateur : Jean-Marie Pradier (Université Paris 8)

  • 10h30 Tiziana Leucci (CNRS, CESAH, LAP, Paris-Aubervilliers, Conservatoire de musique et danse ‘Gabriel Fauré’, Les Lilas-Est Ensemble, Accademia Nazionale di Danza, Rome, Italie« Les traditions indiennes et javanaises dans la création chorégraphique et dans la méthode pédagogique de Jean Cébron »
  • Démonstration de la pièce de danse indienne BharatanāṭyamAllarippuapprise par Jean Cébron auprès de Ram Gopal, composée par V.S. Muthuswamy Pillai (1921-1992), jouée par K. M. Selvam Pillai (1951-) et interprétée par Tillana Rousseleau (Conservatoire de musique et danse ‘Gabriel Fauré’, Les Lilas-Est Ensemble, Compagnie Dharma)
  • 11h30 Irene López Arnaiz (Complutense Universidad de Madrid, Espagne) « Recréation et transmission de danses d’Orient en France : Djemil Anik et Nyota Inyoka »
  • 12h00 Pierre Philippe-Meden (RiRRa21, Université Paul-Valéry Montpellier 3) « Un héritage du delsartisme : la gymnastique harmonique d’Irène Popard »
  • 12h30 Sébastien Borde (Die Palucca Hochschule für Tanz, Dresden, Allemagne) « Jean Cébron, une vie dansée »

 

13h00 Pause déjeuner

 

Panel 2. Modérateur : Pierre Philippe-Meden (RiRRa21, Université Paul-Valéry Montpellier 3)

  • 14h30 Virginia Heinen (Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Lyon, Folkwang Tanzstudio, Essen, Allemagne) « Le travail pédagogique de Jean Cébron »

 

15h30 Pause

 

Panel 3. Modératrice : Tiziana Leucci (CNRS, CESAH, LAP, Paris-Aubervilliers, Conservatoire de musique et danse ‘Gabriel Fauré’, Les Lilas-Est Ensemble, Accademia Nazionale di Danza, Rome, Italie

  • 16h00 Olimpia Scardi (Die Palucca Hochschule für Tanz, Dresden, Folkwang Tanzstudio, Essen, Allemagne)« The human dance : Jean Cébron’s Principles Études »
  • 17h00 Francesca Mommo (Die Palucca Hochschule für Tanz, Dresden, Allemagne, Accademia Nazionale di Danza, Rome, Italie) « Nature and Creation: the Cébron Method as Path of Self-discovery »
  • Démonstration par Francesca Mommo du solo ‘Ambiguous Monster’ de Jean Cébron (1957), et du solo ƏCSTATIC’ de Francesca Mommo et Olimpia Scardi, inspiré de la pièce de Doris Humphrey ‘Two Ecstatic Themes’ (1931)
     

18h00 Discussion, conclusion et remerciements.

Jean Cébron dans les années 1980, photo-Francis Viet.

Jean Cébron dans les années 1980, photo-Francis Viet.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article